Si vous ne connaissez pas encore Meerkat, bravo, vous avez une vie. Pour les autres, l’application de micro-streaming, lancée il y a 18 jours, m’a permis de vivre des moments assez particuliers que j’aimerais partager avec vous.

Tout commence la semaine dernière. Intrigué, je télécharge l’appli sur mon smartphone pour me retrouver sur une page énigmatique, avec rien dessus.

Ce premier moment fut celui d’une grande et profonde solitude.

Sans me démonter, je tente une recherche sauvage de streams live via le moteur de recherche de Twitter. Grâce à ce lien.

Le résultat de ce vagabondage sans motif fut au final assez surprenant.

  • Mon premier stream fut celui d’un homme aux States tentant de faire monter l’escalier à son chat. Oui mon premier contact avec Meerkat fut un chat. L’individu me gratifia d’un “Hi Tristène!” vu que j’étais son seul spectateur. Oui, les Ricains ne savent pas prononcer mon prénom.
  • Suivit un autre individu qui partageait sa séquence de pêche sur un lac du Michigan. “Hi Tristène!”.
  • Puis à New York dans un bureau avec visiblement de jeunes startupers. “Hey Tristène from Paris!”.
  • Il y eut aussi ce dîner en Suisse je crois bien, avec un ambassadeur à table avec ses convives. La personne à l’origine de ce Meerkat faisait visiblement une présentation de l’appli. Encore une fois j’étais le seul spectateur.
  • Je suis ensuite tombé au milieu d’une petite beuverie entre amis sportifs norvégiens (si je me souviens bien). Assez étrange d’entendre ce cénacle me saluer avec plein d’entrain comme si j’étais le premier humain qu’ils croisaient depuis des mois. “Hi Tristane !” (Oui les Norvégiens non plus ne savent pas prononcer mon nom).
  • Me suis alors retrouvé sur le toit du ministère américain de l’Intérieur. Surprise totale. D’autant que le bâtiment est over-sécurisé. J’ai assisté au live, perplexe. Jusqu’à ce que je comprenne qui en était à l’origine : le Director of Digital Strategy du ministère himself.

J’aurais pu encore vous parler de plein d’autres épisodes, dingues, absurdes, cocasses, mais vous comprendriez pas.


Il y a cependant un point sur lequel j’aimerais insister : la nature très particulière de ces moments. Car ils avaient tous quelque chose en commun : les individus qui streamaient n’étaient pas en train de communiquer un message spécifique, ils étaient tous en train d’essayer l’application.

Et ça change tout.

Lorsqu’on se retrouve à suivre le stream de quelqu’un qui vient de lancer Meerkat pour la première fois, on est face à un individu qui ne cherche pas à packager son propos, rien n’est organisé, prémédité. Ça donne une saveur toute particulière à ce moment. On est là avec lui sans motivation spécifique, si ce n’est partager un instant. Ou presque.

Je sais que ce moment Meerkat ne durera pas, les usages vont s’installer, les pros vont nous proposer des séquences bien léchées. C’est déjà le cas, Mashable ayant inauguré son stream en fanfare au South by Southwest le 13 mars dernier.

Mais je garderai pour ma part le souvenir de ces premiers instants imparfaits, touchants, et non balisés.

Comme ici.


Reste quelques questions vertigineuses.

  • Que se passera-t-il lorsque les hordes de libidineux viendront streamer leurs parties intimes ? On a vu ça sur ChatRoulette, on verra ça sur Meerkat. D’ailleurs, si je bossais dans le porn, j’irais de suite m’y installer. Sans parler de la prostitution.
  • Quid des images violentes ? Imaginez que ces fous de Daech découvrent l’application, vous voyez d’ici les horreurs qu’ils pourraient streamer en direct.
  • Si j’étais un politique, j’aurais une peur bleue de me faire streamer à l’insu de mon plein gré. Si le OFF était déjà mal en point, Meerkat peut facilement l’achever.
  • Sans parler des trolls de l’univers qui vont pouvoir déverser leur égotisme en live. Oui je pense à toi Glenn.