Extrait de l’article :
Comme partout, la montée en puissance de QAnon dans l’Hexagone a été facilitée par la crise sanitaire. « Les théories complotistes ont explosé dans le monde entier avec le coronavirus, confirme Tristan Mendès-France, maître de conférence à l’Université de Paris et spécialiste des cultures numériques. La mondialisation du phénomène QAnon se situe plus particulièrement durant la séquence du confinement, qui a projeté une masse extraordinaire d’individus en ligne et a donné une visibilité globale à QAnon. »
Le phénomène s’est aussi servi des mobilisations contre la pédophilie et le trafic d’enfants comme « un cheval de Troie », « phagocytant en partie » le mouvement #SaveTheChildren, poursuit le chercheur, et s’appropriant ses hashtags sur les réseaux sociaux. « C’est un vecteur propice à l’injection de certains éléments de la mouvance QAnon dans les milieux ultra-conservateurs et d’extrême-droite », estime Tristan Mendès-France.
Comme pour le mouvement anti-masque, le Canada, et surtout le Québec, a servi de passerelle entre les Etats-Unis et la France, notamment en traduisant en français les mystérieux messages de Q. « QAnon infecte des personnalités à forte visibilité, qui avaient déjà un terreau complotiste et deviennent des relais francophones de cette mouvance », explique Tristan Mendès-France. Ainsi, un acteur notable de ce phénomène est Alexis Cossette, « un militant d’extrême droite, complotiste, très relayé et très productif sur ses vidéos », qui est derrière la chaîne YouTube Radio-Québec (114.000 abonnés).
Pour s’implanter en France, QAnon a aussi adapté ses théories au contexte local, une stratégie que l’on remarque dans tous les pays où la mouvance s’installe. … Mais la figure de Donald Trump transcende les particularismes locaux et s’affichent aussi en France : « Il n’est plus seulement le héraut des QAnon américains mais devient une sorte d’étendard, de figure de sauveur », analyse Tristan Mendès-France.