Extraits :
« Ce dispositif existait depuis plusieurs semaines et a été lancé dans le cadre de la crise du coronavirus. Twitter souhaitait s’engager contre les fake news, les fausses nouvelles relatives à l’épidémie. C’est la première fois en revanche que le dispositif a été utilisé pour chef d’Etat sur un autre sujet que celui lié au Covid-19 », explique Tristan Mendès France, enseignant au Celsa spécialisé dans les nouveaux usages numériques.
Pour l’enseignant Tristan Mendès France, l’action de la plateforme s’inscrit dans un contexte de polarisation accrue du débat politique aux Etats-Unis : « Trump est un personnage de premier plan. Il fait partie des plus gros utilisateurs mondiaux de Twitter, il a une responsabilité majeure en étant à la tête de la première puissance mondiale. Il ne semble pas illégitime que Twitter se penche sur son compte dans la mesure où il est l’un des comptes les plus influents de la planète, comme la plateforme pourrait le faire avec n’importe quel compte suivi par des millions de personnes qui tiendrait des propos violents. À visibilité accrue, responsabilité accrue ».
Si le décret n’a pas encore de valeur législative, l’enjeu pour les réseaux sociaux est majeur, analyse Tristan Mendès France : « Son application poserait un problème gigantesque puisque cela reviendrait à dire que Twitter ou toute plateforme sociale deviendraient coauteur et coresponsable pénalement de tous contenus répréhensibles postés sur le site. Si ce décret aboutit en loi, ce serait un big bang dans l’univers du numérique puisque les réseaux sociaux seraient contraints à verrouiller considérablement tous les contenus et donc de modérer à outrance ».