Extraits de l’article.
C’est le phénomène que met en évidence Tristan Mendès France, maître de conférences associé à l’université de Paris et observateur de l’extrémisme en ligne : « Sur les groupes anti-vaccins, anti-masques, sur certains groupes de ‘gilets jaunes’ aussi, il va y avoir une pollinisation, une pénétration de certaines références anti-5G et de liens vers des vidéos anti-5G. Différents groupes vont de ce fait être infectés par des individus qui vont y diffuser ces éléments complotistes. »
Une défiance envers la 5G qui ne vient souvent pas seule, observe aussi Tristan Mendès France : « Ceux qui ont un profil complotiste anti-5G sur les réseaux sociaux ne sont rarement porteurs que d’une théorie complotiste. Ils vont la cumuler avec d’autres. »
Des groupes Facebook qui sont « horizontaux », analyse Tristan Mendès France,« c’est-à-dire que toute personne dans le groupe peut publier et profiter de l’audience du groupe dans son ensemble. Cela permet à des discours très marginaux de gagner assez rapidement une forte visibilité. »
« On a d’ailleurs un pic de recherches associant 5G et coronavirus sur le moteur de Google du 5 au 11 avril dernier », note Tristan Mendès France : « Plus globalement, le discours anti-5G sur les réseaux sociaux a explosé avec l’apparition du coronavirus. »
« Contrairement à d’autres mouvements, pour le mouvement anti-5G, l’activisme de clavier s’est traduit dans le réel, et là on passe à une étape supérieure », analyse Tristan Mendès France.
Youtube tente, tout comme Facebook, de modérer ces contenus, mais ça ne serait pas suffisant, pointe Tristan Mendès France, l’observateur de l’extrémisme en ligne : « Sur Youtube, l’un des facteurs forts pour identifier un contenu qui doit être poussé par les algorithmes, c’est la durée de lecture de la vidéo », explique-t-il : « Il suffit alors qu’il y ait une petite communauté, qui regarde jusqu’au bout des vidéos complotistes extrêmement longues, des interventions, des colloques. Cela envoie aux algorithmes le signal que cette vidéo est potentiellement intéressante, et elle va donc gagner en visibilité. »
Youtube dont le contenu va être amplifié par des partages Facebook, complète le maître de conférences associé à l’université de Paris, qui va même jusqu’à parler d’une « véritable synergie »entre les deux plateformes : « On va partager une vidéo Youtube sur Facebook, et parfois utiliser Facebook comme levier d’audience sur la petite vidéo confidentielle sur Youtube. »