Apprendre à reconnaître une « fake news » – l’exemple de la vidéo « Virus made in France » – Huffington Post

 

Éviter de se faire piéger en cinq leçons

C’est ce qu’explique au HuffPost, Tristan Mendès-France, maître de conférences à l’université de Paris, spécialiste du numérique et fin connaisseur des dynamiques et de la rhétorique complotiste. Ainsi, à partir de cette vidéo sur le coronavirus, il est possible de tirer cinq leçons applicables à n’importe quel contenu pour déterminer s’il est complotiste.

La première est assez évidente: mieux vaut vaut se méfier des gens qui veulent nous livrer “la vérité”. En effet, dans la vidéo en question, l’auteur explique d’emblée vouloir “dévoiler” des éléments qui auraient été tenus secrets, il assure avoir travaillé avec toute une équipe pour livrer ses révélations. Pourtant, ce qu’il livre est majoritairement un agrégat de fausses informations déjà démontées et les accusations qu’il porte ont été mises à mal en quelques instants par ceux qu’elles visaient.

Ensuite, il convient de repérer les confusions entre causalité et corrélation, explique Tristan Mendès-France. C’est là l’une des grandes armes des discours complotistes: faire passer des éléments concomitants comme étant connectés par une incidence. En présentant plusieurs faits en même temps, alors même qu’ils sont déconnectés, ce discours crée ainsi du doute là où il n’y en réalité qu’énonciation de faits.

Rasoir d’Occam et mille-feuilles argumentatif

La troisième leçon est de préférer les explications simples aux grandes machinations. Ici, Tristan Mendès-France évoque le concept philosophique du rasoir d’Occam, ou principe de simplicité. En clair, dans la vie, c’est généralement l’explication la plus simple qui est la bonne. Or le discours complotiste, lui, cherche à faire intervenir une multitude d’acteurs qui agiraient tous de manière dissimulée en poursuivant de concert un but pervers et dissimulé. Ce qui est généralement rarement le cas.

Le principe suivant est de ne pas croire qu’un individu est forcément plus sincère qu’une institution. Car il s’agit là d’un ressort fréquent des rhétorique alternatives. L’idée est de se présenter comme quelqu’un du peuple, explique encore le maître de conférences, quelqu’un qui n’aurait pas d’agenda politique, qui échapperait à l’influence des lobbies, des jeux d’influence. Au contraire des institutions, et des médias, assure cet argumentaire.

Enfin, cinquième et dernière leçon pour éviter de se faire avoir par un contenu complotiste: il ne faut pas tomber dans le piège du “mille-feuilles argumentatif”. En multipliant les sources (parfois douteuses), les documents officiels (souvent mal compris), les chiffres (fréquemment détournés) et les références (généralement orientées), l’orateur poursuit un objectif double. Celui de rassurer son auditoire en lui faisant croire à une véracité d’un discours, et celui de l’empêcher de vérifier ce qu’il vient d’entendre. Ici, recouper ces informations livrées à la va-vite par l’auteur de la vidéo prendrait infiniment plus de temps que de regarder sa publication, ce qui évite à son auteur de craindre une contre-analyse.

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